terça-feira, 28 de outubro de 2014

CONSELHO DO GRANDE ESPECIALISTA YANNIS ARVANTIS SOBRE A EXPLORAÇÃO DOS RECURSOS NATURAIS DA GUINÉ-BISSAU

La Guinée-Bissau est l'un des pays les plus riches d'Afrique en ressources naturelles. Au-delà de sa biodiversité variée, son sol, fertile, recèle de larges réserves en minéraux. Outre ses ressources en bois et halieutiques abondantes, le pays sait, depuis plus de quarante ans, qu’il dispose aussi d'importants gisements de bauxite, phosphates et de sables lourds. 
 
 
C’est ainsi que des gisements de phosphate ont été identifiés dans la région de Farim il y a plus de 40 ans, dont les premières études de faisabilité pour leur exploration ont été achevées au milieu des années 1980. Toutefois, aucune entreprise n'a été, à ce jour, en mesure de démarrer l’exploitation à grande échelle des quelque 100 millions de tonnes de minerai recensées. Au cours des dix dernières années, la licence que le gouvernement avait délivrée pour explorer le site a changé de mains à plusieurs reprises, notamment du fait de l'incapacité technique des entreprises à exécuter les travaux requis. Depuis 2009, et après un temps d’arrêt durant la période de transition qui a suivi le coup d'État de 2012, la société détentrice de la licence a progressé, avec l’actualisation de l’étude d’impact environnemental et social, ouvrant ainsi la voie aux opérations d’exploitation. 
 
Des gisements de bauxite ont également été identifiés près de la ville historique de Boé. Repérés dès les années 1950, ils n'ont jamais été rentables au plan commercial, en raison de la faiblesse des cours mondiaux d’alors. Cependant, les prix ayant triplé au cours des dernières décennies, les perspectives économiques sont devenues plus attrayantes. En 2007, un bail a ainsi été consenti à l’entreprise Bauxite Angola, qui a annoncé récemment des investissements allant jusque 500 millions de dollars EU. Ces investissements devraient également couvrir la réhabilitation du réseau routier nécessaire aux exportations et les premières étapes de la construction d'un port en eau profonde dans la ville de Buba. 
 
Les perspectives en matière de pétrole ont également suscité beaucoup d’intérêt. Au total, 14 blocs offshores ont été concédés à différentes entreprises à des fins d’exploration. Des études laissent à penser que les réserves de ces blocs pourraient contenir les premiers hydrocarbures économiquement exploitables dans le pays − sachant qu’il s’agit d’estimations préliminaires. 
 
Cette dotation en ressources naturelles donne espoir pour le pays. Pourtant, l'histoire a appris qu’il vaut mieux faire montre d’un optimisme mesuré que d'espoir. La littérature en économie politique évoque souvent une « malédiction des ressources », démontrant que l'abondance de ressources naturelles est inversement corrélée à la croissance économique ainsi qu’au niveau de démocratie – autant de défis qui se posent à la Guinée Bissau depuis son indépendance. En tenant compte de cela, mais aussi du fait que la Guinée-Bissau s’avère encore aux premiers stades de l'exploitation de ses ressources, le pays doit pleinement œuvrer à renforcer la gouvernance, avant que n’affluent les ressources monétaires émanant des rentes extractives. Le pays pourra alors veiller à ce que les opportunités offertes par les industries extractives soient positives et ne se transforment pas en vecteurs de fragilité. 
 
S’il n’est pas une ressource naturelle minérale, le bois offre un cas d’étude intéressant. En effet, la Guinée-Bissau est riche en bois, de séquoia en particulier. En 2011, le Parlement a ratifié une nouvelle loi sur le bois, qui conditionne l’octroi de licences d’exploitation à des exigences d’ordre environnemental et social – incluant des évaluations d'impact environnemental et social et des plans de reboisement. 
 
 
Cependant, plusieurs rapports sur le terrain suggèrent que, pendant la période de transition qui a suivi le coup d'État de 2012, l'octroi de licences a fortement augmenté, avec 61 licences environ délivrées en 2014, contre 15 seulement qui avaient été accordées en 2012-2013. Parallèlement, la loi interdit l’exportation de bois non transformé localement. Or, alors que les installations de transformation fonctionnelles sont encore rares en Guinée-Bissau, les données de l’ONG britannique Global Timber UK indiquent que les exportations de bois vers la Chine ont bondi de 80 m3 en 2007 à plus de 15 000 m3 en 2013, soit bien au-delà de la capacité du pays. Face à un tel pillage, le nouveau gouvernement a décidé de mettre un terme à l'exportation du bois. Voilà qui démontre que les lacunes en matière de gouvernance (sans bonne gouvernance, pas de contrôle sur le volet environnemental, ni sur la valeur ajoutée locale comme la loi l'exige), peuvent grandement amoindrir les bénéfices que le pays pourrait tirer de ses ressources. 
 
 
En termes de gouvernance, les ressources naturelles et les industries extractives notamment peuvent avoir un double impact. Premièrement, en termes de gouvernance économique, grâce à des rentrées d'argent massives. Dans cette perspective, rejoindre l'initiative ITIE est d’ailleurs un bon début. D’autres programmes, tels que l'Initiative du budget ouvert pour plus de transparence dans les dépenses / recettes, ou simplement le renforcement des outils nationaux en faveur d’une plus grande transparence dans la gouvernance économique et la responsabilisation devraient être prioritaires. Le deuxième impact peut être de nature environnementale et sociale. Pour y remédier, le pays devrait adhérer à des pactes internationaux, à l’instar du FLEGT de l'Union européenne (concernant l’« Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux ») pour le bois. Plus important encore, les capacités doivent aussi être renforcées en ce domaine. Pour l’heure en sous-effectif, le ministère bissau-guinéen des Ressources naturelles s’avèrerait vite dépassé, s’il devait mettre en œuvre les évaluations d'impact environnemental et social de l'exploitation pétrolière, l'extraction de bauxite ou même celles liés à la construction d'un nouveau port. 
 
Ces observations n’ont d’autre but que d’appeler à une amélioration de la gouvernance, en instaurant des normes internationales en faveur de la gouvernance des ressources. Encore faut-il souligner que les normes et les procédures ne sont utiles que si elles sont mises en application. Etant donné l’évolution rapide de ces normes, le pays doit toujours garder un œil sur l'efficacité de ses mécanismes d'application au fil du temps. Dans le cas de la Guinée-Bissau, comme dans un certain nombre d'autres pays ouest-africains, sachant que l'exploitation des ressources reste encore à devenir réalité, le pays dispose d'une formidable opportunité : la Guinée Bissau ne devrait pas se focaliser sur la maximisation de la rente issue de ses ressources, mais plutôt sur la possibilité qui lui est offerte de poser les bases institutionnelles nécessaires, et ainsi exploiter ce secteur de sorte d’en profiter pleinement.

Fonte : Ressources naturelles en Guinée-Bissau : partir du bon pied - Banque africaine de développement