terça-feira, 23 de setembro de 2014

" O MEU PAÍS PAÍS PRECISA DE INSTITUIÇÕES FORTES" CIPRIANO CASSAMÁ

SI BU KA MAMA BU SINTA. SI BU KA OBI FRANCIS KA BU CANSA KU
DJUBI PA BAS.

Interview

Cipriano Cassama, agronome de formation, plusieurs fois ministre est le nouveau président de l'Assemblée nationale populaire de la Guinée-Bissau issue des législatives d'avril 2014.

Mais dans un pays abonné au putsch, occuper une telle fonction est un sursis. L'actuel occupant du perchoir pense que cette fois le retour à l'ordre constitutionnel ira à son terme et compte s'investir pleinement pour empêcher la survenue d'une crise.

Quels sont vos sentiments après votre élection à la présidence de l'Assemblée nationale populaire ?

Mon souhait est d'assumer cette responsabilité, de pouvoir exécuter le programme de la législature 2014- 2018, d'être au service des députés et de la nation.
Notre rôle, en tant que député, et de président de l'Assemblée est d'interpeller le gouvernement dans le cadre de l'exécution de notre programme d'activités, de voter des lois et de veiller à ce que les intérêts du peuple soient défendus.

Nous avons un programme à exécuter que j'ai présenté aux députés et à différentes structures au niveau national, et c'est au regard de ce programme que les militants et les députés m'ont choisi. Je veux changer l'image de l'Assemblée nationale populaire de la République de Guinée-Bissau.

Il s'agit pour nous d'unir tous les élus nationaux et de les faire travailler afin qu'ils soient respectés au niveau de la population. En tant que représentant du peuple, les populations doivent avoir confiance en nous et espérer beaucoup de choses de nous.

C'est pourquoi nous allons voir, avec l'aide de nos partenaires, la possibilité de donner les moyens à chaque député de régulièrement aller au contact de sa base et de faire la restitution des préoccupations afin que le gouvernement sache ce que le peuple pense du développement du pays.

Comme vous le savez, l'Assemblée a deux missions importantes : voter les lois et consentir l'impôt, mais nous avons aussi un rôle à jouer dans la stabilisation et la pacification du pays. Les députés doivent dialoguer avec les structures et les institutions de notre pays pour conseiller et trouver des solutions à ses problèmes. J'ai foi que l'instabilité que nous avons connue est derrière nous.

Nous avons eu le soutien de nos partenaires, nous pensons que nous devons aller vers la réconciliation nationale, et aujourd'hui l'Assemblée nationale populaire doit y jouer un rôle prépondérant.
Nous allons créer ou réhabiliter une commission de réconciliation nationale pour dialoguer avec les gens en vue de la consolidation de cette stabilité.

C'est ainsi qu'on pourra changer l'image de notre pays et renforcer la confiance de nos partenaires. Nous sommes déjà en retard en ce qui concerne le développement, et il faut le rattrapage, ce qui implique la sensibilisation des populations aux différents enjeux.

Ce sont les militaires qui sont mis sur le banc des accusés par rapport aux crises que nous avions vécues. Mais il faut reconnaître qu'ils sont des humains comme nous et il faut trouver des solutions pour qu'ils aient confiance aux hommes politiques.

Nous allons poursuivre le dialogue avec l'armée pour recueillir ses préoccupations et en faire part au gouvernement. Nos militaires ne sont pas mauvais comme on le pense, nous devons les comprendre.
Aujourd'hui, ils ont eux-mêmes compris que la déstabilisation du pays ne nous mène nulle part. Il faut que tous ensemble nous dialoguions pour une solution négociée. Il faut enterrer la hache de guerre et se pardonner.

Bien souvent les Assemblées sont des caisses de résonance du pouvoir. Pourtant pour un pays qui vit régulièrement des crises, il faut parfois des lois courageuses qui n'arrangent pas forcément la majorité présidentielle.

Je suis député depuis 1994, et je suis aujourd'hui vice-président du Parlement de l'UEMOA. Je ne dois pas défendre rien que le parti majoritaire, je suis le président de tous les députés et non de ma formation politique.
Donc les projets de lois du gouvernement doivent être examinés et analysés. Et si une loi ne convainc pas les députés, je regrette, elle sera rejetée. Notre Parlement ne sera donc pas une caisse de raisonnance de qui que ce soit. Nous ferons correctement notre travail.

Votre parti, le PAIGC, a toujours gagné les élections, mais n'est jamais allé au bout d'un mandat du fait des crises. N'est-ce pas un échec ?

Le PAIGC est un grand parti bien implanté dans tout le pays. De ce fait, nous allons continuer à remporter les élections parce que nous sommes un parti politique fort et bien organisé ; malheureusement, c'est vrai, nous n'arrivons pas à terminer les mandats.

Comme président de l'Assemblée populaire, je vais jouer un rôle important pour mettre fin à cette situation en prônant le dialogue. Comme il n'y avait pas de dialogue, chacun faisait une démonstration de force pour dire à l'autre qu'on est le plus fort.

Et comme l'homme aime revendiquer, les problèmes naissent ainsi. On ne peut pas soutenir aujourd'hui que dans un pays il doit y avoir des hommes forts mais plutôt des institutions fortes au service des citoyens.
Il ne faut pas oublier nos militaires, car ils doivent faire partie de la solution au problème du développement. Imaginez un peu des militaires qui gagnent encore 15 000 ; 30 000 ou 50 000, ce n'est pas possible.
Beaucoup d'entre eux ne peuvent même pas payer un sac de riz pour nourrir leur famille. Il nous faut trouver des solutions à la question des conditions de vie de nos forces armées. On parle d'une réforme de la défense, mais cela doit se faire dans les règles de l'art, en tenant compte de certaines réalités. Les militaires ont simplement besoin de bonnes tenues et d'un salaire qui tombe régulièrement et à temps.

La Guinée-Bissau est lusophone. Comment se fait la collaboration avec les Parlements des pays francophones ?

J'ai proposé de tenir une rencontre des présidents des pays francophones en Guinée-Bissau pour qu'ils viennent partager leurs expériences. Ce serait bon qu'un pays comme le Sénégal vienne partager son savoir-faire, parce que nous avons un Parlement encore fragile et il faut que nos frères francophones nous aident.
Je profite de l'occasion pour lancer un appel à tous les présidents des pays francophones de la CEDEAO et à tous les collègues présidents de Parlement à venir à notre aide parce que nous avons besoin d'eux.
Aujourd'hui, nous vivons le retour de l'ordre constitutionnel, mais cela n'est pas suffisant. Sans l'aide de nos partenaires des pays francophones, nous ne pouvons rien faire, c'est pourquoi j'invite les pays comme le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Sénégal à nous aider.