A
Bissau, l'ambiance est extrêmement tendue après l'inculpation, jeudi 18
avril, par la justice américaine d'Antonio Indjai, le chef d'état-major
des armées. Il est accusé de complot narco-terroriste avec les forces
armées révolutionnaires de Colombie (Farc). La Guinée-Bissau, considérée
comme un narco-Etat, est déstabilisée par les accusations américaines,
et c'est toute la classe politique qui tremble.
Depuis
l'arrestation de l'amiral Bubo Na tchuto, Antonio Indjai ne se
déplaçait plus à Bissau sans une armada de véhicules équipés de
mitrailleuses. Désormais, des missiles sol-air ont fait leur apparition
dans les convois du chef d'état-major. Reste à savoir si ces armes
suffiront à empêcher le séisme politique déclenché depuis quinze jours
par la justice américaine.
En
effet, c'est quasiment tout le système politico-militaire qui tremble
actuellement. Depuis dix ans, la Guinée Bissau est un narco-Etat et il
semble bien que toutes les composantes politiques du pays soient
impliquées à divers degrés. Le procureur de Bissau, Abdu Mané enquête
actuellement sur la vente, en 2006, par le Premier ministre de l'époque,
Aristide Gomes de 670 kg de cocaïne saisis par la police.
L'effondrement du système politique ?
L'argument
est utilisé par les adversaires d'Aristide Gomes dans la bataille qui
se joue pour le controle du Parti africain pour l'indépendance de la
Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Pratiquement tous les candidats à la
présidence du parti s'accusent de narco-trafic. L'ancien premier
ministre Carlos Gomes, évincé en 2012, n'est pas épargné. Il fait lui
aussi l'objet d'une enquête de la justice bissau-guinéenne. Il est de
plus soupçonné du meurtre de deux opposants en 2009 et de détournements
de fonds publics.
Du coté
du PRS, l'autre grand parti bissau-guinéen, il y a là aussi des
soupçons, notamment sur certains alliés de son leader, Koumba Yalla. Le
système politique local menace donc de s'effondrer. Et plus que jamais,
la communauté internationale, qui encadre actuellement le processus de
transition a le devoir de proposer des solutions à cette situation
étouffante.